Tennis : Christelle Carole Abata "JO, Un bâtisseur, un visionnaire, un homme de cœur."

Figure du tennis camerounais et mère de la championne d'Afrique Anna Lorie Lemongo Christelle Carole Abata, s'indigne face à la disparition tragique du promoteur du centre multisport Oyebog Tennis Académie : Joseph Oyebog dans ce témoignage.
Joseph Oyebog, que j’appelais affectueusement « ma PERSONNE », tout comme lui m’appelait aussi était bien plus qu’un ami, Il était un homme exceptionnel, profondément altruiste, sincère, humble, et animé d’une passion inébranlable pour le tennis. Durant les dizaines d'années que j'ai eu le plaisir de le côtoyer, j’ai appris à connaître un homme dont l’engagement allait bien au-delà du sport : il était un bâtisseur d’âmes, un véritable artisan du vivre-ensemble.
Sa disparition brutale me laisse sans voix, et surtout avec le poids de profonds remords. Quelques jours avant son départ, lors de notre dernier échange, je lui avais promis de passer le voir à la clinique où il était hospitalisé, ou à défaut, de lui rendre visite une fois rentré chez lui. Je ne pouvais imaginer que c’était là notre ultime conversation.
Joseph Oyebog ou JO, comme beaucoup l’appelaient militait inlassablement pour la paix, la solidarité, et la mise en commun des énergies pour rebâtir le tennis camerounais. Il nous rappelait souvent combien il était important de reconnaître et d’accepter les différences de chacun pour mieux construire dans la complémentarité.
Ce qui frappait chez lui, c’était sa disponibilité sans faille. Peu importait l’heure ou les circonstances, il répondait toujours présent, avec cette écoute bienveillante et cette énergie débordante qui le caractérisaient.
Il était à la fois un guide, un soutien, un grand frère, une inspiration.
Au-delà des enfants et des jeunes qu’il a inlassablement soutenus à travers l’Oyebog Tennis Academy (OTA), sa générosité touchait aussi les adultes du milieu tennistique, tant sur le plan personnel que dans le cadre des projets initiés pas d' autres acteurs
Je n’oublierai jamais ce geste d’une grande humanité en 2020, lorsqu’il fit une visite surprise à la jeune Lorie Lemongo alors championne d’Afrique U18 en double au centre ITF de Casablanca, après le décès de son père. Il avait fait le déplacement juste pour la réconforter. C’était ça, JO : un homme profondément présent, jusque dans la douleur des autres.
En 2023, je l’ai appelé pour lui annoncer une grande nouvelle : la signature de Norrah Lemongo, championne de la francophonie, en tant qu’étudiante-athlète dans une université américaine, avec un départ imminent pour les États-Unis. Il m’a répondu, fidèle à lui-même :
« Ma personne, tu as déjà beaucoup fait toute seule… Notre rôle maintenant, c’est de te soutenir. Ce sont aussi nos enfants. »
Quelques heures plus tard, je recevais une notification : un dépôt de 800 000 FCFA.
Ces gestes, discrets mais puissants résument parfaitement qui était Joseph Oyebog : un homme de solidarité, de générosité concrète, toujours prêt à accompagner ceux qui œuvrent pour l’avenir de la jeunesse.
Des souvenirs comme ceux-là, j’en ai des dizaines concernant d'autres personnes. Je pourrais en faire un livre. Joseph Oyebog a été l’un des pionniers incontestés du tennis camerounais, que ce soit par ses investissements infrastructurels ou le nombre incalculable d’enfants qu’il a initiés, encadrés et suivis à travers le pays et au-delà.
Aujourd’hui, sa disparition représente une perte immense, un vide que nul ne pourra combler. Mais ce vide peut et doit devenir une source d’inspiration. Rien ne sera plus comme avant, et c’est justement là que réside notre responsabilité : transformer cette perte en moteur, pour faire vivre son héritage et reconstruire, ensemble, un tennis camerounais plus fort, plus solidaire, plus humain.
L’hommage le plus noble que nous puissions lui rendre, c’est de continuer son œuvre, de garder vivant cet esprit de partage, d’unité et de dépassement qui l’animait. Le tennis camerounais lui doit beaucoup. À nous, désormais, de prendre le relais avec courage et conviction.
Repose en paix, JO. Ta lumière continue de briller à travers chaque raquette tendue, chaque sourire d’enfant sur un court de tennis, chaque main tendue pour l’unité.